Alors pour nourrir le poupon voici quelques un de mes compte-rendus de spectacle. Le premier:
La Griselda de Vivaldi par Spinosi au TCE (21.09.05)
Alors primo l'orchestre: dès le début j'ai trouvé ça sec et trop trop contrasté(ces pauses dans le premier mouvement de la sinfonia cassaient l'unité mélodique) mais il s'est bien rattrapé ensuite et je n'ai pu qu'apprécier sa direction malgrè les tonitriturants cors!
Question dramatisme, on repassera, dans la première partie j'ai a peu près compris, mais dans la seconde ça devenait du n'importe quoi: le roi qui tout d'un coup est au courant de l'amour entre Costanza et Roberto, qui change d'avis comme de chemises sans même s'en expliquer...les récitatifs ont été sauvagement taillés en pièce et merci Clément de m'avoir expliqué à la fin que Costanza était en fait la fille de Griselda! Quant au fait que toute cette histoire n'était qu'un coup de bluff du roi je ne l'ai compri qu'en lisant le synopsis!
Question chanteur commençons par la plus ovationée, Veronica Cangemi: si son dernier air était de toute beauté et vraiment émouvant avec un sublime aigu filé au début du da capo, je n'en dirai pas autant de l'Agitata da due venti!!! Certes j'avais Bartoli dans l'oreille mais j'ai trouvé toutes ses vocalises fades et ternes, elle a chanté l'air courageusement, je le reconnais, mais comme seuls les aigus sonnaient réellement cela faisait un peu distorsion de bande sonore. Elle n'y a pas reproduit la prouesse de son Destin avaro car ici les faiblesses vocales ne venaient pas seconder le désespoir du personnage et franchement je ne trouve pas qu'elle s'ameliore dans la virtuosité en comparant avec son merveilleux Neghitosi or voi che fate d'Ariodante!!
J'ai trouvé Sonia Prina sublime: d'une car j'adore son timbre moustachu et de deux car son dramatisme a fait mouche dans ces airs, c'est la seule du plateau qui m'ai donné le sentiment de jouer son rôle intensément. En plus j'adore sa dégaine de rockeuse et je trouve que sa prestance en scène est vraiment formidable Bref je courrai la réentendre dans les deux Partenope à la Villette.
Stefano Ferrari avait certes le trac mais il s'en est vraiment bien tiré! son premier air est un des plus virtuoses de la partition et son abattage était sans tâche! Chapeau! Reste cependant un manque de présence caractérisée en scène mais pour une version de concert je ne vais pas chipoter.
Iesteyn Davies était bien sans plus(son rôle lui permettait difficilement de briller) de très beaux aigus doux et ronds mais encore un contre-ténor qui avait oublié ses graves chez lui!
Phiphi était bien aussi mais rien d'extraordinaire, Roberto n'ayant pas droit à un air tel que Solda te mio dolce amore, qui permettrait à Jaroussky de faire preuve de tout son talent.
Et j'ai gardé la surprise de la soirée pour la fin, qui est pour moi loin d'en avoir été le point noir, Blandine Staskiewicz: j'avais franchement pas accroché à son Medoro dans l' Orlando Furioso, et ni Loena(La Belle Hélène), ni Olga(La Grande duchesse), ni la servante de Glauce(Medea) ne m'avaient permi de l'apprecier vraiment étant donné le peu d'importance des rôles; or dès son pemier air j'ai accroché, l'aigu était rond et atteint sans difficulté - a tel point qu'avec Clément je me suis également demandé si elle n'était pas plus soprano que mezzo -, le grave chaud mais cela manquait encore un peu de caractérisation. Mais alors le Dopo un orrida procella, sur lequel plane encore le fantôme tchétchilien, m'a enthousiasmé! En comparaison avec Bartoli elle s'en est bien mieux sortie que Cangemi, on l'entendait parfaitement malgré les cors, elle avait de la vaillance, ses vocalises étaient sans heurts, j'ai vraiment été bluffé! Mais la pauvre Blandine n'a pas recueilli les applaudissements qu'elle méritait d'autant plus à mon avis qu'elle a été distribuée très tard!
Bref mes chouchoutes de la soirées sont sans conteste Prina et Staskiewicz; Cangemi et Ferrari avec un bémol.
Le disque chez Naïve est sorti en 2006 mais avec Lemieux en Griselda et la caoutchouteuse Simone Kermes en Ottone (donc pas de graves au programme!). Et j'attends toujours La Fida ninfa chez Naïve...
A titre de comparaison entre le live et le disque, voici quelques airs de Griselda et Ottone dans l'ordre dramatique:
"Brami le mie catene" (Griselda)
"Vede orgogliosa l'onda" (Ottone)
"Ho il cor gia lacero da mille affani" (Griselda)
"Andiam Griselda" (Récitatif Griselda/Ottone)
"No, non tanta crudelta" (Griselda)
"Scocca d'ardi l'altero tuo ciglio" (Ottone)
"Doppo un orrida procella" (Ottone)