Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Psychologie

  • : Alma Oppressa
  • : Blog sur l'opéra
  • Contact

Articles à venir

Recherche

Archives

Il catalogo è questo

24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 20:18

 

Voilà  mon p'ti avis sur cette soirée: 

 

 

L'orchestre, Kammerorchester Basel, était fort bon, et pour preuve je ne me suis presque pas ennuyé pendant les Tafelmusik de Telemann! Je n'ai pas trouvé cela passionant non plus, c'était assez répétitif mais les bassons sonnaient très juste et nous avions la chance de voir et d'entendre une archiluthiste(je savais même pas que cela existait!). Seul point noir: du deuxième balcon, j'entendai un peu trop le clavecin qui couvrait du coup les cordes, pour la mélodie c'était limite! Mais c'était sans doute du à  ma position dans la salle. Paul Goodwin est un chef que je ne connais pas du tout (je le confondai même avec un autre Paulo: Maccreesh!), mais ses partis pris étaient intéressants, surtout dans le "Scherza infida" bien plus violent et heurté que celui de Minko. 

 

David Daniels a très mal commencé: "Fammi combattere" savonné, sans volume, fade malgrè deux belles descentes vers le grave et des vélléités d'ornemantation au da capo.  En gros cela manquait franchement d'héroïsme et de mâlattitude! Son "Pompe vane di morte...Dove sei?" (Rodelinda) le trouvait bien plus en voix et même assez touchant. De très beaux aigus, de la projection cette fois et une incarnation certes assez fruste à  coté de Magdalena, mais présente tout de même. En tout cas un immense MERCI au nigaud qui a applaudi et hurlé "BRAVO!" juste entre les derniers "Vieni" et "l'alma a consolar" avant même la cadence finale! Chapeau!  Rarement le charme aura été  ce point brisé!  Le "Se infiorito" de Giulio Cesare était moins attachant. De toute façon Daniels ne m'a jamais passioné: si j'adore son interprétation dans Theodora, le reste me semble bien palôt et surtout son Rinaldo! donc pas de surprise...(en plus la cravate orange sur la chemise blanche ça faisait un peu: j'ai vomi mon déjeuner et me suis tout craspouillé! 

 

La triomphatrice de la soirée était donc Magdalena Kozena: mon a priori n'était pas mauvais mais pas délirant non plus, j'avais moyennement apprécié son Orphée mais beaucoup son disque Le Belle imagini et surtout les cantates de Handel avec Minko. Eh bien ça y est, je suis ravi!! La mort de Didon est la plus charnelle que je connaisse, la plus incarnée, la plus violente(en même temps j'en connais pas beaucoup), on sentait la chaire humaine en train de dépérir et pourtant comment ne pas être ému! Vraiment plus ça va plus j'aime Purcell! Kozena jouait intimement cette mort, on voyait son corps se contracter, son visage grimacer (depuis le second balcon!): la beauté sortant d'une situation atroce et présentée comme telle! Sublime!

 

 

Mais le meilleur restait à venir: les airs d'Ariodante. Voilà  une chanteuse qui sait ce que son texte signifie: "Amuse toi infidèle, dans les bras de ton amant. Moi, trahi par ta faute, je m'en vais me jeter dans les bras de la mort. Tantôt ombre funeste, tantôt esprit désincarné je reviendrai te punir et briser cet indigne lien." C'est la souffrance du guerrier dont l'honneur est bléssé qui est présentée ici. J'aime passionnément aussi l'interprétation de von Otter, ce sont deux facettes d'un même personnage qui sont totalement défendables: avec von Otter on entend l'être humain désespéré qui dépose son armure du guerrier dans la souffrance, avec Kozena c'est l'inverse, on ne perd jamais de vue que c'est un guerrier qui s'exprime mais on voit palpiter son coeur à travers son armure percée. C'était vraiment une approche originale du personnage(du moins pour moi): la rancoeur mélée à la souffrance et au désir de vengeance. Ariodante n'apparait plus du tout comme un être parfait qui succombe héroïquement sous le poids de la fatalité, mais comme un être humain qui ne comprend pas vraiment ce qui lui arrive. Du coup l'orchestre assez violent était tout à  fait dans le ton: Ariodante avait ce soir des echos raciniens: Ah! Je l'ai trop aimée pour ne le point haïr! Le "Doppo Notte" était un peu inférieur tout de même: j'ai trouvé Kozena plus en peine pour rendre la luxuriance de cet air. Les vocalises étaient très bien menées mais sa tessiture la limite nécessairement. La finesse psychologique n'étant pas la qualité première de cet air, l'intelligence de Kozena y faisait moins de miracle. Or dans cet air j'aime que cela sonne (Larmore) ou que cela coule de source (von Otter). 

"Scherza infida"

"Doppo notte"

 

 

Les duos à  présent: celui de Rodelinda était vraiment magnifique et effectivement Kozena essayait de diminuer sa projection pour que Daniels reste audible et c'était justifié, l'un comme l'autre étaient superbes. Façe au succès nous eûmes donc droit à trois bis: "Sound the trumpet" de Purcell que je ne connaissait pas; "To thee" de Theodora, bon ben là  forcément! Le meilleur rôle de Daniels plus Kozena ça fait des étincelles. Mais l'orgasme cela fut sur le "Pur ti miro" de Ferrari, ça se passe de mots!! 

"Pur ti miro"

 

Et pour ceux qui me croiraient pas (oh les vilains!): ce concert a été diffusé sur France Musique le mercredi 28 décembre à 20H00. 

 

Et encore merci à  tous ceux qui ne sont pas venus! J'ai pu me replacer facilement!  

Partager cet article
Repost0

commentaires

L
Bonjour Lou et bienvenue!Pour m'écrire en privé, il suffit de cliquer sur le lien "Contact" tout tout en bas de chaque page entre "over-blog.com" et "C.G.U."
Répondre
L
Licida, merci infiniment pour les extraits dont tu ornes tes articles en particulier celui-ci.J'aurais une petite private requête mais je ne trouve pas ton adresse mail ? comment faire ?L. 
Répondre
C
plutôt que le mondo della luna, il y a sur une webradio la retransmission du Lucio Silla de J.C. Bach (le live avec Varady en Giunia). C'est sur des radios proposées dans I-tunes, mais aussi tout simlement accessible en ligne à l'adresse http://www.1.fm (sic) et il suffit de selectionner Otto's all opera musick (re-sic)...Bien sûr vous pourrez pester d'avoir lu l'info trop tard, d'autant des les extraits qui circulent sous forme numérique de ces représentations ont un son moins glorieux.Du reste, j'écoute cette station depuis quelques jours, elle est plutôt bien programmée, c'est varié et de qualité, et extrêmement peu de pub (laquelle est d'ailleurs gratinée), aucun présentateur, juste des intégrales enchaînées.
Répondre
L
Lisetta, vous êtes renvoyée.
Répondre
L
Io malizia in sen non ho;<br /> sono stata ognor così;<br /> poche volte dico no;<br /> quando posso, dico sì.<br /> Ma lo dico, già si sa,<br /> salva sempre l'onestà.<br /> <br /> :-p
Répondre