Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Psychologie

  • : Alma Oppressa
  • : Blog sur l'opéra
  • Contact

Articles à venir

Recherche

Archives

Il catalogo è questo

21 novembre 2008 5 21 /11 /novembre /2008 22:48

De retour de ma virée lyrique à la Vilette pour aller écouter la Partenope de Vinci et en attendant celle de Handel mardi, voici un premier compte-rendu.

 

Leonardo Vinci
Partenope

Livret de Silvio Stampiglia
Intermezzo de Domenico Sarro

 La Cappella de'Turchini
Antonio Florio

 

Sonia Prina contralto (Partenope)
Maria Ercolano soprano (Arsace)
Maria Grazia Schiavo soprano (Rosmira)
Lucia Cirillo mezzo-soprano (Emilio)
Makoto Sakurada ténor (Armindo)
Rosario Totaro
ténor (Ormonte)

Giuseppe Naviglio baryton basse (Beltramme)
Giuseppe de Vittorio ténor (Eurilla)


 



 

Alors petit commentaire général d'abord: l'oeuvre (que je connaissais déjà à travers la retransmission radio de Beaune) était donnée dans son intégralité et avec l'intermède! Du coup le concert a duré 4 heures. Première remarque; on sous-estime bien trop l'importance de ces intermèdes, et c'est d'ailleurs par là que je vais commencer. Cet intermède bouffe transpose dans le regsitre populaire l'histoire noble de la Partenope: à travers la minauderie d'Eurilla interprétée par un tenor travesti, on voit tout de suite la parodie de Rosmira, travestie en Eurimene; quand la première change d'avis comme de chemise dès que son soupirant Beltramme la demande en mariage, la seconde ne sait jamais à quelle attitude donner la préference, la vengeance ou le pardon pour l'infidèle Arsace. La parodie de l'intermède sert donc ici à absorber toutes les critiques que l'on pourrait formuler selon le bon sens sur un livret vraiment "baroque" pour le coup. La satire est même poussée dans la dernière partie de l'intermède qui précède le lieto fine, dans le duo parodique qui voit les personnages échanger des paroles aussi gauches que caricaturales en filant la métaphore cliché de l'amour qui se deverse, du dard d'Eros et des retards imposées par la damoiselle au soupirant. A cette fonction cathartique s'ajoute celle évidente du comique qui ne donne que plus de force à la gravité du drame qui l'entoure. Bref les baroques avaient bien compris ce qu'est l'art total: maintenant que l'intelligence des da capo est établie, il serait grand temps de reconnaitre l'intelligence des intermezzi en rapport avec l'oeuvre pour laquelle ils ont été composés. On peut aisément y voir une préfiguration de l'idéal hugolien du grotesque et du sublime.

 

Giuseppe Naviglio s'est très bien sorti de sa partie de soldat forcé d'être galant et courtois pour parvenir à ses fins bien plus grivoises, tout à fait dans le ton il bridait volontairement le volume de sa voix pour rester bouffe et drôle. Giuseppe de Vittorio a parfaitement joué son rôle de Zaza Napoli, animant les récitatifs avec intelligence et sans lourdeur, il alla jusqu'à revêtir un châle pour pallier la carence visuelle de la version de concert. La salle les a beaucoup apprécié et moi itou! Prina et Schiavo étaient mortes de rire.

 

Pour la Partenope proprement dite: il s'agit d'un opéra napolitain, l'exhubérance est donc une qualité requise pour rendre pleinement justice à cette partition. Or aucun des chanteurs présents n'étaient vraiment à même de le faire en raison de tessitures souvent limitées. Pour pallier ce défaut une interprétation plus sage mais aussi plus soignée et ciselée a été retenue. Or la partition est assez pauvre harmoniquement, mais le lui reprocher serait vain, ce n'est pas du vénitien et encore moins du français. Sans être expert en la matière, on peut donc regretter d'un point de vue général un certain manque de folie.

 

L'orchestre dirigé par Antonio Florio a commencé de façon plus mollassone qu'à Beaune, mais s'est très vite rattrapé: ni tonitruant ni intimiste, parfaitement juste on peut regretter encore une fois des cadences un peu trop sages et une interprétation un peu trop claire, mais le tout est plus qu'honorable et remarquable pour une partition qui n'avantage pas vraiment les musiciens. Florio a donc encore une fois fait mouche, en deterrant ce petit bijou de Partenope.

 

Inutile de vous dire que Sonia Prina m'a encore une fois ravi! Un timbre toujours aussi suave, un engagement et un jeu investis et captivants, une virtuosité bien sentie, un look d'enfer font vite oublier une tessiture réduite et de trop rares incursions dans l'aigu. Son air de la fin du premier acte et son "Cade mura" furent ses deux meilleurs moments: rutilante, noble, chaleureuse et caressante, ça a vraiment de la gueule! Vivement mardi que je la retrouve ne Rosmira cette fois çi! Sonia je t'aime!!! 


Photo: Marco del Grande

 

J'ai été très très agréablement surpris par la prestation de Maria Grazia Schiavo que j'avais trouvé peu excitante à la radio mais qui dégage un véritable charme sur scène et force la sympathie à défaut de l'adoration. Le timbre est assez commun, joli mais pas inoubliable, la tessiture est un peu courte: tout pour en faire un soprano passe-partout que l'on sort du choeur pour interpéter une niaiserie quelconque. Or force est de reonnaitre à Maria Grazia une véritable intelligence et un sens du drame: alors que son rôle est sans doute le plus improbable du livret, elle a toujours fait oublier son coté girouette pour en réveler le coté torturé et profondément humain. Elle a su éviter l'ecueil de la soubrette qui s'est trompé de partition (du style de Laura Giordano en Aminta ) pour nous révéler une Chimène. Si tous les soprano légers avec des moyens supèrieurs avaient son intelligence, nos scènes seraient peuplées de Roberta Invernizzi. Schiavo est donc  une artiste à suivre, pas forcément idoine pour se lancer dans les grands rôles handeliens tels que la Partenope (à Beaune, c'est Invernizzi qui le chantera à Paris), certainement pas faite pour chanter les airs écrits pour Farinelli (à Montpellier avec Florio en remplacement de Ciofi), elle peut se réveler très interessante ailleurs, cette Rosmira en est la preuve: un "Spiegati" au I percutant, un air de tempête au III dans lequel les vocalises sont parfaitement timbrées mais malheureusement pas assez étendues: en tout cas je préfère cette haute virtuosité propre et engagée à celle à la moulinette de Cangemi. Elle semble de plus avoir fait de nets progrès depuis son interprétation de Beaune, où elle était plus placide. Et en plus elle est assez jolie!


 

Seconde bonne surprise Maria Ercollano; soulignons tout de suite les défauts: cela manque assez de grave, le timbre n'est pas égal entre le medium et l'aigu, du coup "elle marche sur des oeufs" comme dirait l'amie qui m'accompagnait et fait dans la dentelle quand on l'attendait plus sauvage. Reste un medium superbe, une projection honnête (je l'entendai parfaitement du fond du balcon), un bon jeu et des vocalises élégantes qui nous donnent un air de Rondinella toujours aussi entêtant (ça c'était juste pour faire bisquer Clément!). Même si l'idéal pour ce rôle serait plutot Anna Bonitatibus, Maria Ercollano en donne une interprétation intéressante et adaptée à ses moyens à defaut d'être aussi captivante que cette femme phallique de Partenope. 


 

Lucia Cirillo se sort fort bien du rôle virtuose d'Emilio: même si encore une fois le grave fait défaut, elle comble ce manque en poitrinant de façon satisfaisante; en tout cas les vocalises sont impeccables et les montées dans l'aigu font un peu songer à Ann Hallenberg, la rondeur et la somptuosité du medium en moins. Un jeu à la hauteur de la vaillance du personnage finit de rendre son inteprétation tout à fait appréciable.

 

Makoto Sakurada a la dikchion peu chatichfeuante, mais un timbre très élégant: intéressant dans son air du I, chiant dans son dernier air du II qui reclame un investissement dramatique supèrieur au minimum syndical.

 

Rosario Totaro s'est par contre lui clairement trompé de rôle! Ce ténor chevrotant qui doit sans doute être à l'aise dans les rôles bouffes est supportable dans les récitatifs (son rôle n'a aucune importance dramatiquement) mais assez ingrat dans son seul et unique air: au lieu d'un servus currens, on attendait plutôt un noble serviteur, mais bon, cela n'a que peu d'impact sur la qualité générale du plateau.

 

La salle était remplie aux trois quarts seulement, mais s'est peu vidée malgrè les deux entractes et les 4 heures de spectacle; elle a reservé un beau succès à ce spectacle qui ne requiert qu'une mise-en-scène pour réveler toutes ses qualités. Les chanteurs n'y sont pas tous idoines, mais au moins y sont-ils bons et l'orchestre rend parfaitement justice à cette superbe partition qui risque malheureusement de replonger dans l'oubli (aucune sortie au disque n'est prévue: vive la Radio et l'ordi!)...du moins ne risque-t-on pas de la voir de nouveau à Paris de si tôt  exactement comme la Didone Abbandonata de Piccini donnée ici même l'an dernier par la même équipe.

Partager cet article
Repost0

commentaires