sur ARTE lundi 10 : un documentaire « Karlheinz Stockhausen. Musique pour un monde nouveau » (All. 2008) à 22h35 + Le voyage de Michel autour de la Terre de Stockhausen (« opéra sans chanteur » - P. Rundel / C. Padrissa) à 23h30…
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Semaine du 8 au 14 août :
TELEVISION :
¤¤ Concert du dimanche matin (Châtelet) ??? : dans la nuit de dimanche à lundi vers 2h10 du matin (TF1)
E. Haïm -
¤¤ Diva de Beineix (1981) : mardi 11 à 20h45 (ARTE)
[Un jour Jean Van Hamme m’a fait faire 900 km pour avoir le plaisir de me dire face à face qu’il n’avait rien à me dire… ne vous y trompez pas, c’était un compliment. Séquence nostalgie ;-) ]
¤¤ Faustus, the last night de Dusapin (Lyon) : mercredi 12 à minuit et quart (France3)
Mise en scène de Mussbah… [redif.]
RADIO :
¤¤ L’opérette : les belles archives de la radio : samedi 8 à 14h30 (FM)
¤¤ La tribune des critiques :Voyage d’hiver de Schubert : dimanche 9 à 11h (FM)
[Redif.]
¤¤ Mozart en scène: La flûte enchantée (Salzbourg, 1959) : dimanche 9 à 14h30 (FM)
G. Szell – K. Böhme ; L. Simoneau; H. Hotter; E. Köth ; L. Della Casa…
+ Thamos, roi d’Egypte; extraits (Harnoncourt, 1981)
+ « Mozart et l’humour » (X. Mayer, 1970 – E. Köth ; P. Schreier ; H. Prey ; W. Berry)
¤¤ L’art de Bryn Terfel : dans la nuit de dimanche à lundi à partir d’1 h du matin (FM)
[voir ‘Vivace’]
¤¤ D’une rive à l’autre : avec Felicity Lott (Petit Palais, mars 2009) : lundi 10 à 12h (FM)
Jason Carr, piano jazz
¤¤ Grandes figures :Hans Hotter : de lundi à vendredi à 16h (FM)
J'emprunte cette expression à Frédéric pour faire la synthèse des annonces discographiques alléchantes pour cette rentrée 2009. Merci à tous ceux qui ont déposé ces nouvelles sur l'article consacré à l'actualité discographique. J'ai complété ce rencensement par d'autres sources, notamment l'indispensable operabaroque.com. Voyons voir ce que cette galante cache donc sous ses jupes.
Tout d'abord le récital Porpora de Karina Gauvin et Alan Curtis, incluant de nombreux inédits, notamment de l'opéra Arianna, ce qui pourrait laisser espérer une intégrale. Un incontournable.
Philippe Jaroussky va sortir un disque consacré à JC Bach; du baroque tardif donc (tout juste avant Mozart) qui s'annonce comme un véritable défi pour cette voix plus à l'aise dans l'élegiaque et qui craint les écarts de tessiture autant que le drame violent, deux composantes essentielles de la musique du fils Bach. Quoiqu'il en soit, les airs retenus sont presque tous inédits et la démarche musicologique est passionnante et tout à son honneur. Le programme sera (à peu de choses prêt) le suivant:
J.C. Bach (1735-1782) Artaserse "Vo solcando un mar crudele" & "Al mio bene a lei che adoro" Carattaco Sinfonia & "Fra l'orror" La clemenza di Scipione "Pugna il guerrier" Adriano in Siria "Cara, la dolce fiamma" &"Io ti lascio" Temistocle "Ch'io parta".
Naïve devrait bientôt sortir son nouvel opus lyrique vivaldien à coté de la reprise du Farnace par Savall. Ce sera donc l'Armida nell campo d'Egitto dirigé par Rinaldo Alessandrini avec la distribution suivante à peu de choses prêt: Sara Mingardo: Armida Furio Zanasi: Califfo Roberta Invernizzi: Osmira Raffaella Milanesi: Erminia Marina Comparato: Emireno Romina Basso: Adrasto Martin Oro: Tisaferno
Puis ce sera en 2010 l'Ottone in villa, premier opéra de Vivaldi avec une distribution qui devrait rassembler sous la baguette de Giovanni Antonini dirigeant Il Giardino Armonico: Sonia Prina: Ottone Sandrine Piau: Cleonilla Veronica Cangemi: Caio Topi Lehtipuu: Decio Roberta Invernizzi ou Julia Lezhneva: Tulia
Par ailleurs l'Ercole sul Termodonte dirigé par Fabio Biondi ne devrait plus tarder, la distribution incluera: Vivica Genaux, Diana Damrau, Patrizia Ciofi, Joyce DiDonato, David Daniels, Philippe Jaroussky, Rolando Villazon et Francesco Meli. J'avais détesté le concert parisien, et cette brochette de stars pour le disque me laisse dubitatif, surtout aux vues de la qualité très moyenne de la partition.
Pour finir avec la fournée de Vivaldi, son dernier opéra découvert, Argippo, va sortir en disque par l'équipe de sa récréation moderne. On notera que Romina Basso dans son récital New discoveries dirigé par Federico Sardelli chez Naïve chantait un très beau "Se lento ancora il fulmine" tiré de cet Argippo (et non Agrippo donc...)
Mais il y aussi des récitals Vivaldi! D'abord le Pyrotechnics de Vivica Genaux dirigé par Biondi, dont voici l'allechant programme (que l'on dirait suicidaire si l'on ne connaissait les capacités techniques de Genaux):
Farnace, "Quell"usignuolo" La fede tradita, "Sin nel placido soggiorno" La fida ninfa, "Alma oppressa" Tito Manlio, "Splender frà'l cieco orror" Semiramide, "E prigionerio e rè" Catone in Utica, "Come in vano il mare irato" Adelaide*, "Agitata da due venti"
Magadalena Kozena vient de sortir un nouveau récital dirigé par Andrea Marcon dans du Vivaldi cette fois-çi et le résultat est bien plus réussi que pour Handel: cela tient autant à la meilleure connaissance de ce compositeur par le chef (orchestralement c'est sublime!), qu'au choix intelligent des airs. On pouvait craindre, comme pour le récital Handel, un choix prétentieux d'airs allant jusqu'au contralto, et dans lesquels Kozena recourrait souvent à des expédients expressifs grotesques pour masquer son manque d'assise vocale; ici les airs les plus graves sont des lamenti dans lesquels elle peut brillament doser ses effets sans pédaler dans la semoule ("Gelido in ogni vena" par exemple) et le style de Vivaldi supporte bien mieux ses effets expressionnistes que celui de Handel. Certes le "Nel profondo" est raté, mais c'est bien la seule erreur du récital, tous les autres airs la montrent très sensible et investie, et sa voix de chaux comme dirait David est bouleversante dans "Misero spirto mio", sommet du récital, où la voix semble sur le point de vaciller lors d'envols dans l'aigu et au bord du gouffre à chaque fin de phrase.
Anne-Sofie von Otter sort un récital consacré à Bach dirigé par Ulrik Mortensen.
Le même Ulrik Mortensen a dirigé Partenope de Handel à Copenhague et cette production sort en DVD, avec notamment Christophe Dumauw, Andreas Scholl et Tuva Semmingsen. L'oeuvre est superbe, mais à part pour Christophe Dumaux, j'ai de gros doutes sur la distribution.
Simone Kermes sortira un récital consacré aux compositeurs de style napolitains, dirigé par Claudio Osele. On connait le goût souvent douteux de cette chanteuse qui en fait un peu la Grubi du baroque, mais son energie débordante est indéniable et sa personnalité vocale fortement caractérisée. A défaut d'interprétations parfaites, nous aurons donc des airs rarissimes interprétés de façon enthousiaste et habitée, pas forcément par le locataire idéal, mais on ne va pas se plaindre. Voici le programme:
Pergolesi: L'Olimpiade (Roma 1735) : "Tu me da me dividi" & "Mentre dormi" Pergolesi : Adriano in Siria (Napoli 1734) : "Lieo così talvolta" Porpora: Lucio Papirio (Venezia 1737) : "Morte amara" & "Tocco il porto" Porpora : Flavio Anicio Olibrio (Roma 1722) : "Se non dovesse il pié" Vinci: Artaserse (Roma 1730) : "Vo solcando" & "Fra cento affanni e cento" Leo: Il Demetrio (Torremaggiore 1735) : "Manca sollecita" Hasse: Viriate (Venezia 1739) : "Come nave in mezzo all'onde" Hasse : Didone abbandonata (Dresden 1743) : "L'augelletto in lacci stretto" Hasse : Antigono (Napoli 1744) : "Perche se tanti siete"
En parlant de napolitains, un DVD de l'Alidoro de Leo dirigé par Florio avec son équipe habituelle va sortir à la fin du mois d'août.
Sandrine Piau consacre son dernier disque aux oratorios de Handel accompagnée par l'Accademia Bizzantina dirigée par Stefano Montanari (le premier violon, et non Ottavio Dantone, le chef habituel).Ce que l'on peut en entendre est assez décevant: les vocalises de sont de plus en plus mécaniques, mais cela ne serait qu'un détail si l'on ne sentait chez elle une vraie difficulté à traduire la spiritualité, on entend toujours la tristesse, l'effondrement ou la joie qui en font une exceptionelle chanteuse de seria, mais jamais la foi, la contrition et l'espérance qui en feraient une grande chanteuse d'oratorio. L'orchestre ne l'aide guère: l'Accademia bizzantina n'a jamais brillé dans Handel et ici on se demande s'ils ont perçu une différence d'esthétique entre le style du Trionfo et celui des oratorios anglais! Cela manque totalement de rayonnement et de l'ampleur que nécessitent ces derniers. Par contre l'air de Bellezza est très réussi. Et le programme mèle grands tubes et raretés. On ne dira rien sur la pochette sortie du frigo...
Le prochain disque de Max-Emmanuel Cencic s'intitulera "Mezzo" et devrait contenir des airs assez virtuoses tels que le célèbre "Crude furie" de Serse qu'il chante souvent en récital.
Davidis pugna et victoria d'Alessandro Scarlatti sous la baguette d'Alessandro de Marchi avec notre Roberta Invernizzi chérie et Martin Oro, sortira en octobre.
Et enfin le nouveau disque de Cecilia Bartoli est annoncé pour octobre: il sera consacré au XVIIIème italien (Settecento) et intitulé Sacrificium. Ce panorama du siècle incluera des airs rares de compositeurs tels que Leo, Hasse, Handel, Porpora, Graun, Araja, Broschi... On peut trouver ici le nom des airs chantés, mais le nom seul. En attendant les annonces officielles, on peut déjà s'amuser à enquêter. Voilà une première tentative, libre à chacun de compléter ou d'infirmer.
- Come nave in mezzo all'onde: Hasse, Viriarte (celui que chante Kermes?) - Profezie, di me diceste: ?? - Cadro, ma qual si mira: Hasse, ? - Parto, ti lascio o cara: Giuseppe Scarlatti, Siroe - Usignolo sventurato: ?? - Misero Pargoletto: ?, Demofoonte - In braccio a mille furie: Vinci, Semiramide (déjà chanté par Schiavo/Florio à la Villette) - Qual farfalla: ?? - Nobil onda: Porpora, Adelaide (dans le prochain disque de Gauvin et déjà chanté par Manzotti) - Deh tu bel dio d'amore: ?? - Chi temea Giove regnante: Corselli, Farnace - Quel buon pastor son io: Leo, Abel - Son qual nave: Broschi, Artaserse (elle l'a déjà chanté il y a quelques années) - Ombra mai fu: Bononcini, Serse (elle l'a souvent chanté en bis) - Sposa, non mi conosci: Giacomelli, Merope (dans le Bajazet de Vivaldi) ou air de Porpora (déjà chanté par Melasse en Fusion)
¤¤ Lucia di Lammermoor de Donizetti (Orange, 2006) : lundi 27 à minuit 40 (France2)
Direction musicale : Marco Guidarini - Mise en scène : Paul-Emile Fourny - Ciofi ; Villazon…
RADIO:
¤¤ L’opérette : les belles archives de la radio : samedi 25 à 14h30 (FM)
¤¤ Concert Dvorak / Strauss / Zemlinsky (Montpellier, en direct) : samedi 25 à 20h (FM)
E. Inbal – Waltraud Meier : Quatre derniers Lieder
¤¤ Mozart en scène: Don Giovanni (1955) : dimanche 26 à 14h30 (FM)
J. Krips
¤¤ L’invité classique : Philippe Jaroussky : lundi 27 à 18h (Radio Classique)
¤¤ Le magazine des festivals : festival Lyrique-en-mer : lundi et mardi à 18h07 (FM)
¤¤ Ezio de Haendel (Montpellier, en direct) : mardi 28 à 20h (FM)
A. Cremonesi – V. Cangemi ; K. Hammarstroem ; L. Zazzo; A. Abete; S. Prina…
¤¤ Trois discours politiques pour baryton, choeur d’hommes et orchestre de Gurlitt + La haine d’Offenbach (Montpellier, juil. 09) : jeudi 30 à 9h05 (FM)
E. Delamboye – D. Roth (+ F. Ardant; G. Depardieu…)
Chorus Sine Nomine, direction Johannes Hiemetsberger
Affiche très alléchante pour cette œuvre qui a rarement les honneurs d’une telle distribution, la considération selon laquelle des chanteurs plus gouailleurs et acteurs que lyriques y sont préférables l’emporte souvent. Ce soir était donc à la fête musicalement, pour le théâtre il a fallu attendre un peu que la scène se chauffe et que les chanteurs quittent le formalisme des versions de concert.
L’erreur de casting était clairement Ian Bostridge qui force sa voix et plante le menton dans son cou pour sortir des graves inaudibles. Le personnage construit n’est pas dénué d’intérêt, un bandit dandy méprisant, mais ni la musique ni le texte ne mettent en scène un Arsène Lupin, et ce ne sont pas les fines lunettes de surfer qui vont encanailler cet anglais là.
Ma déception s’est portée sur Angelika Kirschlager : depuis quelques temps, je ne trouve plus à l’écouter l’enthousiasme que j’avais éprouvé à ses débuts. La chaleur du timbre est totalement disparue et la voix s’est asséchée jusqu’à devenir ordinaire. Reste un allemand délectable, mais là aussi il manque une voix au personnage pour être incarné. Elle aura beau déployé tout son chien sur scène pour camper la prostituée Jenny, la voix n’est ni capiteuse ni séduisante, et en version de concert, ça ne passe pas. Sans les artifices de la scène, le personnage ne décolle jamais, faute d’être nimbé d’une voix caractéristique.
Passé cela, le plateau est irréprochable. A peine ose-t-on reprocher à Florian Boesch de manquer de coffre et de grossièreté pour camper le policier pourri, surtout à coté d’un Macheath si aseptisé. De plus il a réussi à donner un coté benêt derrière la brute sure d’elle-même qui pose le personnage en un regard et un sourire.
Cora Burgraaf n’a pas l’allemand aussi idoine que ses partenaires, et la voix est un peu trop aigrelette, mais pour jouer les jalouses, elle s’y entend. La voix est parfaitement agile et porte étonnamment loin, conférant à l’hystérie de son personnage une puissance qui lui permet de rivaliser et de contraster avec sa brillante rivale.
Hanna Schwarz est physiquement quelque part entre Monique Canto-Sperber et Arielle Dombasle. Mais dès qu’elle ouvre la bouche, la matrone s’impose : la voix est grosse, vieillie comme un beau cuir qui résiste parfaitement et ne cède rien ni en puissance ni en précision, seule la justesse peut sembler aléatoire, mais c’est ce qui fait tout le sel de ces voix audacieuses.
Photo: Wilfried Hösl
Le récitant de Christoph Bantzner peut sembler trop peu investi par son manque de variété dans les interventions, mais cela sert parfaitement la distanciation brechtienne (c’est dur à dire, hein ?). En extrayant constamment le spectateur de l’action dans lequel la musique le plonge, il est une sorte de voix faussement neutre et rationnelle qui permet aussi bien d’éviter toute émotion durable, de dépasser les contingences de temps et de lieu en un instant et d’expliquer un final s’affranchissant de toute crédibilité.
Dorothea Röschman domine clairement le plateau, tout y est : la voix ronde et chaude, l’allemand splendide, la puissance jamais forcée, et tout l’éventail d’affects qui en font une Polly Peachum aussi glorieuse qu’évidente.
Enfin Heinz-Karl Gruber, l’outsider, a réussi à donner vie à cette œuvre dont une telle représentation aurait faire perdre à Brecht ce que Weill y gagnait. Le chanteur est clairement troupier et caricatural, la sonorisation lui permet de faire valoir sa voix de petit vieux qui semble constamment se gargariser dans sa salive, donnant vie immédiatement à ce vieux sage moralisateur croulant, imbu de ses paroles et de son savoir.
Parallèlement il dirige avec enthousiasme débordant et précision un Klangforum Wien ravi de s’amuser tant sur des instruments peu communs à l’opéra (accordéon, guitare électrique) que de jouer pleinement leur rôle dans cette grande foire (le timbalier qui fait tourner son marteau dans les airs, les musiciens qui jouent les ivrognes de la noce…).
NB: Gruber a enregistré cette oeuvre, avec notamment Nina Hagen en Cecilia. Détails ici.
Un mot aussi pour l’impressionnant chœur Sine Nomine, dont la rareté des interventions est inversement proportionnelle à l’impact vocal, donnant aux finals une dimension apocalyptique parfaitement maitrisée.
Triomphe pleinement mérité aux applaudissements, auxquels a su répondre Gruber en invitant presque tous les chanteurs à bisser leurs duos.
Bref un pari pleinement réussi : faire vivre en version de concert classique une œuvre dont le charme est plus immédiatement perceptible quand elle est rapproché du théâtre. La riche saison parisienne qui arrive nous permettra d’ailleurs de comparer les deux approches grâce au Berliner ensemble qui donnera cette même œuvre mise-en-scène par Bob Wilson !