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Psychologie

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Il catalogo è questo

9 février 2009 1 09 /02 /février /2009 11:54

Semaine du 7 au 13 février :
 
 
 
TELEVISION:
                       
 
        ¤¤  Les 16e Victoires de la musique classique (Metz, en direct) : dimanche 8 à 16h20  (France3)
 
 
        ¤¤  Découvrir un opéra: Billy Budd de Britten (docu; All. 2008) : lundi 9 à 22h10  (ARTE)
                        En suivant la production de Francfort de P. Daniels / R. Jones avec P. Mattei.
 
 
        ¤¤  La pietra del paragone de Rossini (Châtelet, 2007) : lundi 9 à minuit 25  (France2)
                        Spinosi / G. Barberio Corsetti et P. Sorin - S. Prina; F. Lis; J. Holloway; L. Giordano...
 
 
 
RADIO:
        
 
        ¤¤  Note contre note: "Critique musicale" d'H. Berlioz (T.6: 1845-1848) : samedi 7 à 9h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Béatrice et Bénédict de Berlioz (TCE, en direct) : samedi 7 à 20h  (FM)
                        C. Davis - J. Di Donato; C. Workman, N. Manfrino...
 
 
        ¤¤  L'art d'Ian Bostridge : dans la nuit de samedi à dimanche à 1h du matin  (FM)
                        [voir 'Vivace']
 
 
        ¤¤  Concert de S. Piau et S. Mingardo (TCE, janvier 09) : dimanche 8 à 13h05  (FM)
                        R. Alessandrini - Programme Haendel
 
 
        ¤¤  Matinée opéra: Menotti en VO et en VF : dimanche 8 à 14h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Les Victoires de la musique classique (Metz, ce jour) : dimanche 8 à 21h05  (France Inter)
 
 
        ¤¤  Histoire des...: Sociétés musicales en France : de lundi à vendredi à 9h30  (FM) 
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Autour d'A. Honegger : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert: "Auber, pour ou contre" (Op.-Com.; jvr 09) : lundi 9 à 14h30   (FM)
                        Programme Wagner, Mendelssohn, Berlioz, Schumann, Rossini...
                        I. Perruche; S. Pondjiclis, D. Haidan
 
 
        ¤¤  Don Quixote de Purcell/Eccles (Cité de la musique, janv. 09) : mercredi 11 à 14h30  (FM)
                        P. Pickett -
 
 
        ¤¤  La vie baroque : Marc Minkowski : jeudi 12 à 21h   (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Dans la cour des grands: Jardin des voix (Caen, en direct) : vendredi 13 à 14h30  (FM)
                        Avec W. Christie
 
 
        ¤¤  Les nouveautés du disque: M.N. Lemieux : vendredi 13 à 21h  (Radio Classique)
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6 février 2009 5 06 /02 /février /2009 15:47
On se plaint souvent de ce que les maisons de disque n'enregistrent pas les oeuvres que l'on souhaite avec des interprêtes à la hauteur, et ici même nous sommes plusieurs à jouer aux pronostics et aux conseils, des fois que des gens influents nous liraient... peut toujours rêver!


Eh bien aujourd'hui je vous propose de faire un acte de militantisme utile qui pourrait bien fonctionner: signer une pétition. Ce sont des fans de Roberta Invernizzi qui ont lancé une pétition sur le net pour qu'on lui fasse* enregistrer le programme Handel/Vivaldi que voici, je souscris pleinement tant à la démarche qu'au programme!

[EDIT]* étant donné les inquiétudes qui apparaissent en commentaires, je précise qu'il ne s'agit évidemment de forcer personne mais simplement de prouver son attachement à une artiste que l'on aimerait entendre dans ces airs mais que l'on est toujours ravi d'entendre de toute façon.



Le programme:

1. Vivaldi, La fida Ninfa: Destin avaro
2. Handel, Giulio Cesare: Se pieta di me non senti
3. Vivaldi, La Griselda: Agitata da due venti
4. Handel, Rinaldo: Ah crudel il pianto mio*
5. Vivaldi, La Griselda
Scocca dardi
6. Handel, Partenope: Io ti levo l'impero dell'armi*
7. Handel, Scipione: Scoglio d'immota fronte
8. Vivaldi, Tito Manlio: Combatta un gentil cor*
9. Handel, Alcina: Credete al mio dolore
10. Vivaldi, Giustino: Per noi soave e bella
11. Handel, Amadigi: Destero dall'empia dite
12.Vivaldi, La Griselda: Vede orgogliosa l'onda

Les airs signalés par une astérisque sont ceux qu'elle a déjà chantés en scène.


La pétition: http://www.gopetition.com/online/24002.html

Donc un seul mot d'ordre: VOTE FOR ROBERTA!


Sinon, pour ceux qui se disent encore "Roberta qui?", vous trouverez ici même sa discographie officielle, ses lives agrémentés d'extraits musicaux et voilà son site internet.
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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 01:44
[Programme des concerts de La folle journée...]
 
 
________________________________
 
Semaine du 31 janvier au 6 février :
 
 
 
TELEVISION:
                       
 
        ¤¤  Concert de clôture des Folles journées de Nantes (en direct) : dimanche 1er à 19h  (ARTE)
 
 
        ¤¤  Guillaume Tell de Rossini (ONP) : dans la nuit de dimanche à lundi vers 2h10 du matin  (TF1)
                        B. Campanella -
 
 
        ¤¤  Découvrir un opéra: La petite renarde rusée de Janacek (docu; All. 2008) : lundi 2 à 22h35  (ARTE)
                        En suivant la production de Berlin 2005 de J. Latham-Koenig / K. Thalbach
 
 
 
RADIO:
        
 
        ¤¤  La folle journée de Nantes : samedi 31 de 9h05 à 23h  (FM)
 
 
        ¤¤  Ariodante de Haendel : dans la nuit de samedi à dimanche à 1h du matin  (FM)
                        [voir 'Vivace']
 
 
        ¤¤  La folle journée de Nantes : dimanche 1er de 9h05 à 20h30  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Mozart (Radio France) : dimanche 1er à 21h05  (France Inter)
                        Symphonie n° 41 + Exsultate jubilate avec S. Piau
 
 
        ¤¤  Histoire des...: Sociétés musicales en France : de lundi à vendredi à 9h30  (FM) 
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Mendelssohn a 200 ans : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert des solistes de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris (auditorium du Louvre; jvr 09) : lundi 2 à 14h30   (FM)
                        Programme Haydn, Schubert, Schumann
 
 
        ¤¤  Grands interprètes: Renée Fleming : de lundi, mardi, jeudi et vendredi à 16h  (FM)
 
 
        ¤¤  Messe en si m de Bach (TCE, janv. 09) : lundi 2 à 20h  (FM)
                        K. Junghänel -
 
 
        ¤¤  Castor et Pollux de Rameau : dans la nuit de lundi à mardi à 1h du matin  (FM)
                        [voir 'Vivace']
 
 
        ¤¤  Concert Mozart (Pleyel, janvier 09) : mercredi 4 à 14h30  (FM)
                        F.X. Roth - Alma grande e nobil core par N. Gaudefroy.
 
 
        ¤¤  Le magazine: avec M.N. Lemieux (en direct) : mercredi 4 à 18h10   (FM)
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28 janvier 2009 3 28 /01 /janvier /2009 00:07
Antonio Vivaldi
Ercole sul Termodonte
Rome 1723  




Carlo Vincenzo Allemano, Ercole
Vivica Genaux, Antiope
Roberta Invernizzi, Ippolita
Philippe Jaroussky, Alceste
Romina Basso,  Teseo
Filippo Adami, Telamone
Emanuela Galli, Orizia
Stefanie Iranyi, Martesia


Choeur d'adultes de Notre Dame de Paris
Europa Galante
Fabio Biondi, direction


Théâtre des Champs-Elysées
27 janvier 2009





Je sors absolument ecoeuré de ce concert, et faché, car quelques soient les faiblesses de cette oeuvre il y avait la possibilité avec une telle distribution de faire quelque chose de splendide et ce que l'on a entendu ce soir ne l'était pas du tout. Et à cet échec, un seul responsable: Fabio Biondi. Alors écartez les enfants, je suis remonté comme un coucou suisse!

Il est difficile de juger l'oeuvre car on ne sait pas trop à qui en accorder la paternité: la partition originale de cet Ercole, joué à Rome uniquement par des hommes en 1723, a été perdue, il ne reste que le livret. Alan Curtis et Alessandro Ciccolini en ont proposé à Spoleto (le zizi de Zachary, vous vous souvenez?) il y a quelques années une reconstitution dont on ne connait pas bien la teneur. En cherchant sur le net, les sources divergent, certains nous disent que tout est reconstitué, d'autre que, comme pour le Motezuma, on a finalement découvert les 3/4 de la partition et que seul le quart restant est laissé à la discretion du chef. Le fait est que la partition jouée ce soir est présentée comme la version reconstituée par Fabio Biondi... et qu'elle ressemble beaucoup à la version Curtis/Ciccolini. Si quelqu'un en sait plus, je suis preneur de toute information.
Quoiqu'il en soit, Fabio Biondi a beau faire le malin sur la production lyrique de Vivaldi ( "Ma position sur la Vivaldi Renaissance est extrêmement polémique. J'y vois une opération purement mercantile... Certes, il était injuste de continuer à ignorer sa production opératique, mais il faut bien reconnaître qu'à 70 %, elle est d'un niveau d'inspiration assez faible, n'apportant rien de neuf et courant en permanence le risque de paraître conventionnelle.[...] Franchement, quand vous écoutez certains opéras de Vivaldi au disque, vous trouvez cette musique tellement peu intéressante que vous n'avez qu'une envie : balancer le CD !" Opéra Magazine, juillet 2007, cité par operabaroque.com) ce Vivaldi là n'est franchement pas le meilleur. Si il se trouve qu'en plus la reconstitution est bien de lui, on se demande pourquoi il a retenu des airs qui relèvent presque tous du Vivaldi au kilométre. Par mauvais goût?

Commençons par le livret qui est assez cocasse et à défaut d'être bien construit, original. On nous raconte l'un des travaux d'Hercule confronté aux Amazones auxquelles il doit dérober la ceinture de la reine Antiope. La reine a deux soeurs, Ippolita et Orizia, et une fille, Martesia. De son coté Hercule est venu avec ses potes: le roi de Sparte, Alceste, d'Athènes, Thésée et d'Ithaque, Telamon. L'action se résume à la guerre que se livrent les deux camps, echanges de prisonniers, amours imprévues et rivales, tout le tintouin. Sauf que dans ce cadre et avec les travestissements, c'est assez marrant: c'est entre la lutte fratricide LGBT et le "Mort à ces salopes de goudous féministes!" Les caractères sont assez bien déssinés dans le livret: Hercule est le roi dans toute sa virilité, Thésée le guerrier sensible à l'amour, tout comme Alceste en plus niais, et Telamone le rival jaloux; chez les Amazones, Antiope et Orizia sont les guerrières invétérées, Ippolita l'amoureuse et Martesia la dinde qui ne connait pas le sens du mot "mariage" et qui prend au premier degré la demande d'Alceste consistant à échanger leur deux coeurs (!!). Rajoutez à cela une description géographique du champ de bataille pendant l'Acte I à la lourde portée métaphorique: les amazones sont dans leur cité fortifiée entourée d'une forêt touffue et les combats sont livrés sur le pont qui traverse le Termodon: caliente!
Par contre pour ce qui est de l'équilibre dramatique c'est la catastrophe: on ne compte plus les batailles, marches et fanfares (au moins les cornistes et le timbalier ne s'emmerdent pas!); les echanges de prisonniers sont interminables; au début de l'Acte II, Ippolita enchaine quasiment 3 airs à la suite dont l'un précédé d'un triste récitatif accompagné au théorbe dans le style madrigaliste alors que c'est le "Son due venti" de l'acte I de l'Orlando finto pazzo; à l'acte III Hercule arrive comme une fleur chanter son triomphe alors que dans le récitatif qui précédait Orizia a juste annoncé qu'elle allait se suicider, bref c'est n'importe quoi.

Et musicalement ce n'est pas beaucoup plus joyeux: si les récitatifs avaient le mérite de dessiner des caractères, ceux-ci perdent presque toute cohérence dans les airs qui leur échoient au hasard. J'aimerai bien savoir pourquoi Telamon, le rôle le moins important de l'oeuvre a pour seul air, un grand air guerrier! Les trois quarts des airs sont interchangeables et pourraient être chantés par n'importe lequel des personnages. Pour la nouveauté on repassera aussi, certes il y a environ la moitié des airs que je n'ai jamais entendu dans une autre oeuvre, mais je les ai presque déjà tous entendu dans plusieurs. Un peu comme l'air de triomphe de Scanderberg dans le récital Arie ritrovate chez Naïve, beaucoup d'airs sont du simple patchwork vivaldien, donc entre le réchauffé et le ressassé, on peut difficilement crier au génie! Mais après tout, avec de tels chanteurs, on pouvait très bien faire un excellent best of amélioré des oeuvres de Vivaldi, mais c'était sans compter la direction de Fabio Biondi.




Il y a un mot pour résumer cette direction: pornographique! Comme dans un film porno, il y a toujours de l'action, on ne s'ennuie pas, mais pour la délicatesse on repassera. Quand ils jouent, les vents sont constemment couverts, tout comme les chanteurs qui ont le gros défaut de ne pas actionner leur cordes vocales avec un archet comme tout le monde. Et quelle est l'utilité d'un théorbe si fin et délicat, si il est constemment couvert par un clavecin métallique à l'incontinence de notes insupportable?
Mais l'obscénité de cette direction ne s'arrête pas là: tous les airs sont joués bien trop forts et surtout à un rythme constemment trop rapide, avec des constrastes cassants, des figures casse-gueule, un manque de perspective et surtout de respiration constant. De l'air! Bref c'est du Spinosi qui aurait fait trop de gonflette. Cette direction c'est le triomphe du court-termisme. Pour enfoncer le clou, on rajoutera que faire des longs silences entre la fin du récitatif et le début de l'air, le temps que tout le monde il soit bien prêt, est particulièrement préjudiciable à la continuité de l'oeuvre (vous savez comme quand votre ordi ou votre ipod vous rajoute deux secondes de pause entre chaque pistes d'un cd!). Et pour l'équilibre musical, enchainer des airs uniformément rapides, rien de pire pour ruiner leur puissance. Surtout quand cette rapidité est aussi pesante: je ne savais pas qu'Hercule et ses amis chargeaient sur des chevaux de trait...



Dans ce bain de cordes déchainées, les chanteurs sont clairement en dessous de leurs capacités habituelles puisqu'on ne leur laisse jamais le temps de respirer. Et quand un chanteur ne peut pas respirer, sa projection est sacrifiée et son soutien part en éclat. Je plains Vivica Genaux qui ne peut rien faire d'autre que courir après l'orchestre dans "Andero! Volero! Gridero!", ou Roberta Invernizzi qui bacle son canto di sbalzo dans le "Son due venti" pris à une vitesse et avec un brutalité obscènes. Pauvre Filippo Adami aussi, constemment couvert par l'orchestre dans son seul air où on ne lui laisse pas le loisir de pousser un peu sa voix, ou encore Romina Basso, obligée d'enchainer les croches comme une dactylo les touches de son clavier; et Philippe Jaroussky qui abandonne toute vélléité d'aller chercher dans le grave à ce tempo qui lui laisse à peine le temps de sortir des aigus. Il n'y a que dans les airs plus calmes ou dans lesquels l'orchestre joue en écho avec la voix que les chanteurs peuvent enfin faire preuve de leur excellence: le "Zeffireti che sussurate" par exemple. Mais comment peut-on jouer avec aussi peu de pudeur "Amato ben tu sei la mia speranza" (tiré de La Verita in cimento): c'est bien simple, Biondi se prend pour Paganini tandis que la contrebasse se croit dans un club de jazz. N'oublions pas non plus  pour le premier air de Martesia la viole d'amour totalement fausse, que Biondi tente de réaccorder pendant l'air (!)
Bref: grossier. Et c'est d'autant plus inacceptable que le spectacle a été donné en 2007 à Venise et qu'il arrive d'une tournée à Cracovie et Vienne.
Pourtant je suis plutot friand de direction couillues ayant horreur du baroque joué "à l'anglaise", sur la pointe des pieds. Je tremble pour l'enregistrement chez Virgin. Vivement l'Accademia Bizzantina et le Venice Baroque Orchestra cette semaine pour se rincer les oreilles!




Il est difficile de juger les chanteurs, puisqu'ils sont sans arrêt bousculés quand ce n'est pas largué, en tout cas ils sont tous très bons dans les récitatifs. Carlo Vincenzo Allemano est le seul qui sache tirer parti de tant de brutalité et adopte en permanence un chant di sforza qui ruine son dernier et très bel air. Vivica Genaux n'est que l'ombre d'elle même, sauf dans l'air "planant" du début de l'acte II, quand on songe à ce qu'elle faisait dans L'Aténaïde, c'est désespérant. Roberta Invernizzi a heureusement deux très beaux airs lents dans lesquels elle s'épanouit magnifiquement, dans les trois autres on entend qu'un grave maigre d'où emmergent parfois de superbes aigus. La voix de Philippe Jaroussky m'a semblé plus maigre et avare de couleurs qu'à l'habitude. Romina Basso est superbe, son timbre profond et chaud convient parfaitement à ce guerrier tiraillé entre la gloire belliqueuse et l'amour soudain qu'il éprouve pour Ippolita, à l'exception de son grand air à la fin du II, elle n'est pas trop gênée par l'orchestre. Stefanie Iranyi est très irrégulière: on ne comprend pas un traitre mot de son premier air et ses vocalises sont pateuses; le deuxième air est syllabique et donc lui facilite la tache, d'autant qu'elle chante a capella en alternance avec le violon (et là encore court-termisme, on croit que l'air est terminé à peu près toutes les 10 secondes), dans le dernier on ne l'entend que par intermittence. Emanuela Galli chante clairement au dessus de ses moyens, l'aigu sonne dur, mais l'agréssivité du medium et le tempérament conviennent bien au personnage (on parle de Diana Damrau pour le disque). Enfin Filippo Adami n'a que des récitatifs dans lesquels il frise souvent la dégoulinade de ténors mais s'en sort très bien, il est inaudible dans son seul air à cause d'un orchestre qui l'oublie totalement.




Salle archi-comble; triomphe final, de la part d'un public qui applaudit après chaque air, même les ariettes sans intérêt (!), on peut légitimement penser qu'il était conquis d'avance. Fabio Biondi ferait mieux de se limiter au repertoire purement instrumental avec des incursions dans le sacré (je recommande chaudement sa Santissima trinita de Scarlatti et son disque de cantates de Vivaldi avec Patrizia Ciofi).

NB: un contre-ténor s'est glissé dans le choeur des amazones soprano! Mais jusqu'où iront-ils?!
NB2: où est passée Xena?


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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 23:01

D.Scarlatti

Tolomeo ed Alessandro
(1711)



Ann Hallenberg, Tolomeo
Véronique Gens, Alessandro
Klara Ek, Seleuce
Roberta Invernizzi, Elisa
Theodora Baka, Araspe
Tuva Semmingsen, Dorisbe


Il Complesso Barocco

Alan Curtis, direction


Théâtre des Champs-Elysées

17 janvier 2009





Je n'ai jamais été convaincu par Domenico Scarlatti en tant que compositeur d'opéra: pour peu que pouvait m'en laisser juger un Tetide in Sciro polonais et l'Ottavia dirigée par Florio l'été dernier, à force de vouloir sonner archaïque, sa musique sonne simplement ordinaire. J'attendais donc ce soir là d'une si belle distribution la preuve du contraire, si mon jugement a un peu évolué, il reste le même sur le fond: papa a fait bien mieux! Domenico Scarlatti brille surtout dans le repertoire chambriste (les célèbres sonates ou les cantates avec un accompagnement très réduit), il n'est pourtant pas mauvais orchestrateur (l'ouverture est d'ailleurs assez prometteuse), mais il ne sait pas mener de front la voix et un grand nombre d'instruments, d'où sa quête de l'archaïsme à mon sens: si les récitatifs sont assez réussis, les airs tombent très vite dans le générique, c'est toujours agréable mais cette séduction s'évanouit très vite, on ne retient aucun air ni ne se trouve transporté sur l'instant.


Il faut dire que le livret n'aide pas: j'avais déjà oublié à quel point il était raté, mais pour la version Handel (présentée la saison dernière au TCE déjà par Curtis) il avait été remanié et orienté vers un charme plus délibérément pastoral, l'action étant clairement reléguée au rang du prétexte, le spectateur de l'époque connaissant de toute façon la trame stéréotypée par habitude. Et Handel avait su prendre son parti de ce remaniement en composant une partition délicieuse mais sans grande inspiration dramatique qui dépassat le cadre de l'air. Or Scarlatti est bien obligé de composer avec un livret qui est le miroir métaphorique de la Cour qui lui a commandé l'opéra. Il est donc coincé avec cette action alambiquée, ces personnages qui se déguisent mais dont on apprend le nom qu'au deuxième acte, ces récitatifs qui retournent tout le drame en trois lignes, ce déséquilibre constant dans la structure (à coté de l'omniprésence du couple vedette, l'Acte I semble trusté par Araspe et Dorisbe, qui disparaissent presqu'entièrement au III, lequel semble n'appartenir qu'à Elisa dont on ne découvre vraiment le caractère qu'à la fin du II!), ces airs qui arrivent sans être vraiment justifiés... Cela dit il se peut aussi qu'Alan Curtis ait ce soir opéré certaines coupes dans le livret (je m'étonne qu'Elisa n'ait chanté qu'un air avant l'entracte, pour en chanter trois ensuite). Et pour un compositeur qui excelle dans les pièces courtes, un opéra entier sur un livret bancal, c'est l'echec assuré. D'ailleurs je me demande même s'il n'a pas un peu baclé le travail par moment: si les airs d'Elisa sont les plus réussis, ceux de Tolomeo sont vraiment communs voir à coté de la plaque ("Cielo injusto potrei fulminar mi" particulièrement aphasique, ou "Stille amare" boueux), il y a parfois de très bonnes idées mais insuffisemment exploitées. Bref je ne me peux m'empêcher de penser que ce soir, ce sont les interprêtes qui ont tiré l'oeuvre vers le haut.



Tout d'abord Il Complesso barocco et Alan Curtis que l'on a rarement connu aussi bon en concert: après le Tolomeo de Handel vraiment médiocre par rapport au disque (lequel était déjà articulé avec des bonheurs différents), D. Scarlatti leur semble plus propice, il faut dire que cette orchestration plus évidente, au charme moins implicite que celle de Handel leur convient mieux (tout comme dans Gluck ou Vivaldi). Et puis là encore l'effectif est assez réduit, faisant la part belle aux cordes: on perd en poids et en couleur à sacrifier ainsi les vents mais au moins cela sonne propre et ensemble.


Klara Ek fut éblouissante: voilà une voix dont la propension naturelle est de fuser vers l'aigu, cela semble être son refuge naturel, du coup cette chute dans l'aigu renverse la perspective, rendant captivant tout ce qu'elle chante. Par ailleurs cela implique un effort permanent pour se maintenir dans le medium et "monter" dans le grave, effort qu'elle sait parfaitement transformer en  trémulation, esthétisation d'une souffrance plus ou moins révélée, conférant à son chant une tension inédite. Comme elle est en plus une technicienne formidable (ah ces trilles battus très sérrés!) et une actrice touchante au port noble, on est sous le charme.



En Tolomeo Ann Hallenberg déçoit: fatigue? surcharge de rôles nouveaux en très peu de temps? manque d'inspiration par rapport à la partition handelienne? le fait est qu'elle s'est planté deux fois dans son seul air de fureur ("Tiranno miei pensieri") en passant des mesures sous silence. Les récitatifs sont toujours superbement dits, mais oserai-je dire qu'ils étaient un peu en pilote automatique, certes un pilote automatique de luxe particulièrement performant, mais guère émouvant. Pas grave, quitte à rater une de ses prises de role ces derniers mois, je suis bien content que ce soit au prix de ce Tolomeo qu'elle fut aussi exceptionnelle en Fulvia ou en Orasia.


Véronique Gens venue remplacer Raffaela Milanesi en Alessandro une semaine avant le spectacle est assez convaincante: l'italien est agréable, la voix un peu moirée passe toujours aussi bien, et je ne l'avais jamais vu si emportée dans les récitatifs, restent des vocalises un peu trop machonnée et prudente, mais le rôle n'en souffre pas.

 


En méchante Elisa, Roberta Invernizzi est prodigieuse, la voix gagne en ampleur avec les ans, sans pour autant que les aigus soient moins précis, et il faut voir avec quelle fourberie amusée elle campe le personnage jusqu'à ce que sa machination lui éclate au visage lors de l'empoisonnement de Tolomeo. On regrettera juste qu'elle n'ait que quatre airs à chanter!




La baraka ne fut pas avec Theodora Baka ce soir (oui, oh, hein!): déclarée grippée il est difficile de la juger, elle a commencé le concert avec les cordes vocales calcinées, rendant assez sensible l'idée que l'on peut se faire de la voix d'un raison sec, pour ensuite sonner plus correctement. Mais cela ne fut pas indigne pour autant, et non malade cela aurait pu être plus qu'honnête, notemment grace à une verve théâtrale certaine.


Second remplacement, Tuva Semmingsen venue chanter Dorisbe à la place de Sonia Prina. Bonne surprise et surtout parentée étonnante avec la grande Sonia: dans l'intonation surtout, car la voix est  un peu plus ample et lumineuse, on retrouve le même élan dramatique, même si sa personnalité peine encore à s'affirmer hors de la rage, et c'est alors parfois dans un goût franchement excessif et mauvais (par exemple ce "ch'io son gli stessa" de poissonnière qui fait d'ailleurs rire la salle). En tout cas l'italien est superbe et la chanteuse attachante, à suivre.


Un disque est prévu, à guetter donc avant tout pour Klara Ek et Roberta Invernizzi qui sont les seules à sortir cette musique du simplement agréable, à moins qu'Ann Hallenberg ne se joigne in extremis à elles.


Et pour finir voilà une vidéo de Klara Ek dans un air de Haydn.




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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 18:00
Récital, Opéra de Lyon, dimanche 18 janvier 2009.

Anna Caterina ANTONACCI
Donald Sulzen, piano



© Pascal Victor

*************************
Programme : « Diva Belle Epoque »

 

Gabriel Fauré (1845-1924)

Cinq mélodies de Venise

Mandoline

En sourdine

Green

A Clymène

C'est l'extase langoureuse


 

Reynaldo Hahn (1874-1947)

Tyndaris

Phyllis

Fumée

L’énamourée

Le printemps

 

Alfred Bachelet (1864-1944)

Chère nuit

 

Entracte

 

Richard Strauss (1864-1949)

Einerlei

Morgen

Zueignung

 

Paolo Tosti (1846-1916)

My memories

Love me !

Summer

Once more !

Love’s Way

Pietro Cimara (1887-1967)
Scherzo Ballade

 

Arturo Toscanini (1867-1957)

Nevrosi

 

Ottorino Respighi (1879-1936)

Nebbie

 

Pieradolfo Tirendelli (1858-1937)

Amor, Amor !

 

Riccardo Zandonai (1883-1944)

« Paolo, date mi pace ! » extrait de Francesca da Rimini

 

 

Rappels :
(Ravel, peut-être ?) : Ahi ! (ce n’est certainement pas le titre ! ^^)
Poulenc :
Les chemins de l’amour
?: Sto crescenno (Lu Cardillo)



 

 

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Impressions lyonnaises et rémanence antonaccique.

 

 

C’étaient Berlioz et Viardot, initialement prévus dans le programme, qui avaient d’abord retenu mon attention, mais ce n’était alors qu’une ébauche de récital et cela semblait bien vague encore ; quand ce le fut moins, ces deux-là avaient disparu et un programme « Belle Epoque » était clairement annoncé. Je connais particulièrement mal cette période ; j’imagine a priori une voix un peu haut perchée, une élégance dite parisienne, un petit air léger et désabusé tout à la fois, un petit rire de gorge pour effacer une larme naissante, une gorgée d’une chose couleur de paille avec des bulles dedans pour se griser un peu, le tout noyé dans une attitude teintée de mondanité. Cela ne correspond pas vraiment à la première image qui me vient à l’esprit au nom d’Anna Caterina Antonacci, que d’ailleurs je n’avais vue jusque-là que dans des productions scéniques ; ce récital était donc une première (et à vraiment plus d’un titre puisque c’était aussi, apparemment, son premier récital en France) dont j’étais particulièrement curieuse.

 

 

Quand l’esquisse d’un sourire est devenue une habitude, pour ne pas dire une obligation d’usage (que ma petite mondaine d’imagination n’oublierait jamais !), y a-t-il beaucoup de chanteuses qui se permettent une telle entrée en scène ? Morgue ? Défi ? Naturel ? Carapace ? Au fond, je ne sais ; mais j’ai repensé à Stendhal et ce qu’il notait des Romaines : « Une Romaine regarde la figure de l’homme qui lui parle comme le matin, à la campagne, vous regardez une montagne. Elle se croirait extrêmement sotte de montrer des dispositions à sourire avant qu’on ne lui dise quelque chose qui mérite qu’elle rie. » (Promenades dans Rome, 12 déc. 1828) Oui, un sourire, cela se mérite, il ne suffit pas d’être là pour y avoir droit. Il ne viendra donc qu’en son temps ou ne viendra pas ; mais si par bonheur il s’impose, il en sera d’autant plus remarquable et chaud qu’il semblera franc, signifiant et flatteur aussi, au bout du compte. Et puis Antonacci n’est pas Romaine, il semble y avoir en elle quelque chose du sud, une terre plus rude, une difficulté à y vivre, une beauté finalement inconfortable. Je contrarierai Stendhal : ces traits-là ne sont certes pas immobiles !

L’entrée donc, dans une robe noire qui enroule le corps dans deux pans liés par un cordon noué sur la hanche, dessous une mousseline noire laisse transparaître les bras, du poignet jusqu’au coude une partie des manches porte de la broderie noire, le col est en arrondi. Dessus, un collier de grosses perles arrive au niveau de cette croix grecque, perlée elle aussi, qu’elle semble porter souvent. Pendant que je suis dans les bijoux, notons aussi une grosse bague à l’annulaire de la main droite. La robe est longue, mais n’arrive pas jusqu’au sol, elle laisse voir des chaussures à semelle de peut-être deux centimètres d’épaisseur et des talons qui semblent en faire douze, avec une large bride à la cheville. Sur une vingtaine de centimètres, le bas de la robe est doublé à l’intérieur d’une bande chamarrée, dans les jaunes et les oranges, qui ne manque pas d’attirer le regard lorsque la robe s’entrouvre pour suivre la démarche. Les cheveux sont lâchés sur les épaules, mais retenus sur les côtés par deux mèches qui se rejoignent à l’arrière.

 

Diseuse, elle l’est, incroyablement. Ne revenons pas sur ce français qu’elle fait glisser, couler, sans que jamais l’oreille ne soit arrêtée par une syllabe étrange ou étrangère, mais je suis tout de même toujours frappée par la justesse de l’intention, parce que si tout glisse, c’est sans fadeur, elle sait trouver un relief dans le texte, ces petites aspérités trop souvent gommées et qui pourtant donnent de l’intérêt à ce qui, avec une autre, passerait trop gentiment, tellement qu’on ne le remarquerait même pas ; il ne s’agit pas d’insister, mais de dire bien et par là d’emmener celui qui écoute et qui regarde là où il ne savait pas qu’il y avait un chemin. Elle n’était pourtant pas complètement à l’aise au début de ce récital, la voix n’était pas encore tout à fait là, à un moment, elle a même démarré plus tôt qu’elle ne le devait, mais peu à peu la voix et le geste ont pris de l’assurance et se sont imposés toujours davantage. D’ailleurs lors des mélodies de Fauré, elle a eu très peu de gestes et presque aucun mouvement du corps. Pour celles de Hahn, son maintien était déjà plus souple, et puis un pas ici, deux là. Cependant l’expression était souvent simplement portée par la position de la main : un doigt plié, un autre qui se tend, tous qui reprennent la même position. Cette main claire et longue sur le noir de la robe ou du piano retenait incroyablement l’attention. C’était la gauche qui parlait évidemment toujours en premier ; la main nue. C’est elle qui exprimait le plus. Lorsque l’autre venait la soutenir, c’était que la tension montait, que le drame se jouait et la voix s’enflait, puis elles se quittaient, c’était fini, l’histoire était racontée. Parce qu’ici il ne s’agissait pas d’incarner un personnage, mais bien de raconter de petits moments, de petites empreintes de vie, une atmosphère, un souvenir, une fumée (superbe !).

 

Le premier lied de la seconde partie ne m’a pas transportée d’enthousiasme, je dois l’avouer ; Antonacci en allemand, c’est de prime abord tout de même surprenant et je n’ai guère accroché. Mais il allait se passer quelque chose d’inattendu : lors du deuxième lied, alors qu’Antonacci commençait à chanter, une petite silhouette qui semblait frêle et un peu voûtée s’est levée en laissant claquer son siège, a enfilé son manteau et est sortie de la salle en prenant bien son temps et en semblant comme taper du pied à chaque pas qu’elle faisait ; voilà une petite vieille qui sait se faire haïr ! Je ne pourrais pas dire qui, de la salle ou de la chanteuse, a réagi en premier. Toujours est-il que la salle n’a pas tardé à manifester sa désapprobation face à ce qui venait de se passer et de la plus belle manière qui soit : par la qualité de son silence. Jusque-là le Lyonnais m’avait semblé particulièrement tousseur, voire bavard ; là, tout à coup, le silence, le vrai, celui qui laisse résonner la voix, qui lui laisse prendre le pouvoir, capter chaque regard, taire chaque respiration, ce silence dans lequel chacun s’efface, disparaît pour se fondre dans l’air qui vibre au son d’une voix, d’une seule, celle qui claque, qui sonne, qui se donne aussi. Parce que quelque chose avait changé aussi dans l’attitude d’Antonacci et curieusement son allemand était plus net, plus franc. Est-ce la qualité d’écoute qui a galvanisé la chanteuse ou elle qui a su faire taire et captiver la salle ? L’important est que nous nous soyons retrouvés dans ce silence-là à point nommé. Et son Zueignung fut magnifique ! (rien à voir avec celui de 1995 à Milan que certains pourraient connaître) Bilan des courses : explosion d’applaudissements et satisfaction manifeste de la chanteuse. Voilà ! Il venait là, le sourire !

 

Après cela, Antonacci a semblé comme soulagée, libérée aussi. Les mélodies de Tosti en anglais ont bénéficié d’une expressivité plus tangible, par la voix plus assurée, mais aussi par les mouvements en scène qui osaient davantage. Elle semblait vraiment plus à l’aise, même si elle avait besoin de jeter de temps en temps un œil sur les partitions, on gagnait en force de jeu, d’une certaine manière l’interprétation devenait plus physique (Once more !…m’a fait forte impression ^^).

 

Pour la dernière partie du récital, une autre langue encore. La sienne.

Tout est dit, non ? A l’aise, en voix, sur ses terres… que pouvait-il se passer ? La diseuse est devenue véritable conteuse, jouant avec tout, avec nous. Elle a raconté « Una notte » ; elle s’est enflammée sur Nevrosi (houlala ! ce « Vorrei baciarti il crine » !) ; Médée a profité des Nebbie pour la traverser l’espace d’un instant (la nuque qui se raidit, la tête qui s’incline très légèrement et le regard qui part sur le côté et bien au-delà de ce qu’il peut voir) ; Amor, amor ! pour tout expliquer, mais il est mort, l’amour du coeur ; et puis, cet air d’opéra pour finir, d’opéra, je ne sais pas pourquoi, mais pour finir, oui, car ce n’est certainement pas un hasard si le dernier mot en est pace et ce n’est pas la première fois qu’Antonacci termine ainsi, Era la notte se finissait aussi sur ce mot-là...

 

 

Le programme était terminé, mais les applaudissements nourris, les pieds frappeurs, alors nous avons eu droit à trois airs pour les rappels. Le premier aux couleurs hispaniques, véhément et très enlevé, fut allumeur d’enthousiasme, mais un peu frustrant par sa brièveté.

Alors vinrent Les chemins de l’amour. Le public tout frémissant en reconnaissant un air qui lui évoquait peut-être sa grand-mère ou son arrière-grand-tante, oublia certainement bien vite les références familiales des fins de journée guillerettes et des voix de tête chevrotantes. Ces chemins-là, dimanche, ne s’entonnaient pas en chœur, ils étaient bien trop charnels pour ça, troublants et touchants tout à la fois… Lu cardillo est en dialecte dont on ne comprend pas tout, mais elle s’est approchée un peu plus près pour nous faire sentir qu’il y avait là-dedans un peu de confidence, un peu de folie, un peu de menace et des promesses aussi… Mais pour cette fois, c’était fini.

 

Au fait, comment regardez-vous les montagnes, vous ?

Il est bien possible que j’en aie vu une dimanche, que je l’aie appelée « Madame » et que je lui aie souri souvent.

;-)

 

C.

 


 

[Les textes et les notes de programme concernant notamment la musique et son contexte sont disponibles ici ]




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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 17:50

G.P. Telemann
Orpheus

(1726)




Dietrich Henschel Orpheus
Daphné Touchais Eurydice
Rainer Trost Eurimedes
Ann Hallenberg Orasia
Marc Labonnette Pluto
Camille Poul Ismène
Clémentine Margaine Ascalax
Caroline Meng Cephisa
Luanda Siqueira Die Priesterin
Aurélia Marchais Suivante d'Orasia
Dorothée Leclair Suivante d'Orasia

Opera Fuoco

David Stern  direction musicale
Jay Bernfeld  co-direction artistique, viol de gambe



J'aime de plus en plus Telemann. J'y ai mis du temps mais le déclic est finalement venu à l'écoute de la retransmission radio de La Patience de Socrate donné à la Villette: froideur de la salle? mauvais placement? frigidité du public berlinois ce soir là? routine de l'orchestre devant si peu d'enthousiasme? ineptie du livret? le spectacle berlinois m'avait ennuyé, mais cette retransmission radio me comble par ses qualités musicales. J'ai dépuis réussi à apprécier sa musique instrumentale (l'Akademie für Alte Musik Berlin l'a souvent enregistré pour Harmonia Mundi), mais je n'y retrouve que par touche l'invention débridée de ses opéras hambourgeois.
Car c'est aussi le genre qui me charme: encore peu connu, ce genre melant comique et tragique, inspiration française, italienne et allemande jusqu'à en mélanger les langues dans des livrets cosmopolites est absolument passionnant. Or si ce n'est par les disques de René Jacobs (qui a enregistré cet Orpheus et le Kroesus de Kaiser) ou quelques enregistrements de faible qualité, ce repertoire reste très négligé alors même qu'il est indispensable pour comprendre le génie syncrétique de Handel qui composa ses deux premiers opéras pour Hambourg (Almira, dont est tiré le célèbre air qui deviendra "Lascia ch'io pianga" dans Rinaldo; Nerone malheureusement perdu). On peut cependant trouver de nombreuses retransmissions radio d'opéras de Kaiser dont certaines finissent par être publiées (vient de sortir une Fredegunda chez Naxos). Enfin, must have, Sandrine Piau a récemment donné à Vienne un récital fabuleux exclusivement consacré à l'opéra hambourgeois avec des airs de Kaiser, Handel, Schürmann et evidemment Telemann, esperons qu'une tournée, si ce n'est un disque, est prévu.




Pour en revenir à Telemann, et sa production lyrique qui compte un nombre d'oeuvre qui a du dépasser la centaine et dont neuf seulement nous sont parvenues: cet Orpheus jouit d'un livret bien meilleur que celui de La Patience de Socrate, ici l'humour, l'inventivité délirante et la fantaisie ne déséquilibrent pas le drame: l'Acte I est celui de l'exposition et de la mort d'Eurydice, l'acte II la descente aux Enfers et l'Acte III celui de la mort d'Orphée et de la fureur d'Orasia. Car le livret innove par rapport au mythe: point d'Aristée trompeur ici, mais une reine magicienne ivre de jalousie et de vengeance, Orasia qui fait contrepoint à la diaphane Eurydice et victimise d'avantage Orphée qui devient le jouet d'une jalouse machination.
La musique est passionnante, pleine de brillants contrastes, se nourissant à toutes les cours d'Europe: fureur, lamenti et ariosi italiens de l'opera seria, choeurs à la française (avec même une citation de Quinault dans le choeur final des suivantes d'Orasia: "Esprits de haine et de rage! Démons! Obéissez-nous! Livrez à notre courroux l'ennemi qui nous outrage!") et dialogues à l'allemande, terreau du futur Singspiel. Changer ainsi de langue permet à Telemann de jouer sur la prosodie avec un bonheur constant, tout en échappant toujours au schématisme (par exemple certains choeurs sont chantés en allemand): cet Orpheus est une surprise renouvellée à chaque coin de portée.



Avec une version de référence discographique aussi parfaite que celle de René Jacobs, David Stern et son Opera Fuoco n'arrivaient pas en terra incognita, et n'ayant pas du tout gouté leur Semele de Handel ou leur Jour du jugement dernier de Telemann, j'avais quelques craintes (quelqu'un a-t-il entendu leur Jephta d'ailleurs? sorti au disque il y a peu et prévu au TCE dans quelques mois).

D'autant que distribuer Ann Hallenberg en Orasia ne va pas de soi du tout: au disque c'était Dorothea Röschmann et Sandrine Piau a chanté un de ses airs (non diffusé à la radio malheureusement) dans son récital viennois. Or voir les mezzo coloratures jouer les contraltos un peu trop souvent me gêne déjà, alors quand elles jouent les soprano, je boue et m'insurge. Mais je suis victime de mon propre schématisme pour classifier les tessitures: cette Orasia n'est pas un soprano colorature comme peut le laisser croire une partition hérissée de vocalises suraigues, mais bien un soprano grave qui sait s'aventurer dans l'aigu sur le modèle de la Strada del Po pour laquelle Handel composa souvent; et si Magdalena Kozena peut être une si belle Cleopatre, pourquoi Ann Hallenberg ne serait-elle pas une superbe Orasia?
Même si je connais les merveilles de son registre aigu, je reste stupéfait par sa performance: d'autant qu'elle avait semblé renoncer aux rôles trop haut pour sa voix en abandonnant la Fida Ninfa de Vivaldi, mais sans doute la fureur d'Orasia l'aura inspirée et séduite. Une chose est claire: même si les aigus sont là, ils ne sont pas toujours justes ni très stables, mais tel est le charme des montagnes russes: ça secoue! Et l'entendre parcourir avec une telle agilité une tessiture meurtrière fut grisant: on pourra toujours reprocher à certaines vocalises aigues d'être survolées, ou à certaines fins de phrases de sonner sourd, je le lui pardonne mille fois, c'est le prix à payer pour des tempi si rapides et casse-gueules. Ann Hallenberg a prouvé ce soir qu'elle aimait l'aventure, et cela fut payant! A coté on retrouve ses qualités habituelles mais qui n'ont rien d'ordinaire: prononciation exhaustive (et ce dans toutes les langues), engagement dramatique flamboyant qui, en un froncement de sourcil, fait oublier la version de concert et une aisance musicale qui ne cesse de m'etonner quand on voit le nombre de nouveaux rôles qu'elle aborde chaque saison.: comme si elle connaissait et jouait cette partition depuis longtemps.



A ses cotés, Dietrisch Henschel fait malheureusement pale figure: accent français à couper au couteau, timbre grisonnant, vocalises essouflées voire aboyées, ne reste qu'une projection consistante et un engagement dramatique qui, même s'il est sommaire, a le mérite d'exister. On a du mal à croire que cette voix là a pu séduire les bêtes féroces et les Enfers.

Daphné Touchais est par contre une Eurydice très bien chantante, un brin appliquée et froide (sa mort peine à émouvoir) mais qui réussit à donner à son court rôle le rayonnement nécessaire pour justifier l'amour conjugal d'Orphée, en contraste avec la passion déstructrice d'Orasia pour ce dernier.

Passés ces trois protagonistes (et encore Eurydice mérite à peine ce titre), tout n'est que second rôle, toujours très bien tenus: on aura remarqué le troublant Ascalax de Clémentine Margaine et la Cephisa un peu trop métallique de Caroline Meng. Le Pluto de Marc Labonnette a pour seul défaut de sembler un peu trop sympathique avant qu'Orphée ne chante. Et l'on retrouve Luanda Siqueira qui confirme le bien que j'avais pensé d'elle dans Cadmus et Hermione, j'aimerai vraiment l'entendre dans un rôle moins anecdotique.

Pour ce qui est de l'orchestre, j'ai finalement été agréablement supris: tous les musiciens sont très attentifs et ne ménagent pas leurs efforts pour raffiner aussi bien que pour donner tout l'allant nécessaire à cette partition bigarrée, mais la mayonnaise a toujours du mal à monter. Le son monte mais n'explose, n'emporte ni ne ravit jamais, les musiciens semblent avoir confiance en eux mais pas dans l'ensemble: la faute au manque de conception d'envergure du chef? à un manque de répétition? à la jeunesse relative de l'ensemble? Le fait est que si elle avait le soutien constant des musiciens, Ann Hallenberg pouvait bien peu compter sur la gestuelle du chef pour sa perilleuse aventure. Peut-être aussi l'effectif de l'orchestre était-il trop réduit: 21 musciens dont seulement 5 vents, cela reste assez chambriste on s'en doute (et Hallenberg a souvent couvert l'orchestre!). Quelqu'un connait-il l'effectif original de l'orchestre? Au final, rien d'indigne donc, un simple manque d'excellence que l'on ne ressent que par comparaison et que l'on regrette devant l'exploit d'Ann Hallenberg.

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24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 13:17

[Un coffret de 11 DVD (112 euros) "Opéras cultes des années 1970" est sorti chez Arthaus; il s'agit des productions filmées de l'Opéra de Hambourg sous Liebermann (Diables de Loudun, La flûte enchantée d'Ustinov, Fidelio avec A. Silja...)... je ne me souviens plus, si l'on en avait déjà parlé...]
 
 
 
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Semaine du 24 au 30 janvier :
 
 
 
TELEVISION:
                       
 
        ¤¤  Paris, Vienne, Berlin: une histoire de l'opérette (2/2) : lundi 26 à 22h20  (ARTE)
 
 
 
RADIO:
        
 
        ¤¤  Les enfants du baroque: Monteverdi revu et corrigé par C. Pluhar : samedi 24 à 18h  (FM)
 
 
        ¤¤  Tolomeo ed Alessandro de D. Scarlatti (TCE, janvier 09) : samedi 24 à 19h30  (FM)
                        A. Curtis - A. Hallenberg; V. gens; K. Ek; R. Invernizzi... [v. peut-être le Bajablog, mais à l'heure où nous mettons sous presse...]
 
 
        ¤¤  Le jardin des dieux: Electre : dimanche 25 à 7h06  (FM)
                        A l'occasion du centenaire de la création d'Elektra de R. Strauss.
 
 
        ¤¤  Récital de Sthéphane Degout (Radio France, avril 07) : dimanche 25 à 13h05  (FM)
                        Piano: H. Lucas - Programme Gounod, Poulenc, Hahn, Saint-Saëns, Ravel.
 
 
        ¤¤  Dialogues des carmélites de Poulenc (en italien; Milan, 26 janv. 1957) : dimanche 25 à 14h30  (FM)
                        N. Sanzogno - V. Zeani; G. Pederzini; L. Gencer; S. Colombo; N. Filacuridi....
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Schütz, le plus italien des Allemands : de lundi à jeudi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Le magazine: Autour de Fra Diavolo d'Auber : lundi 26 à 18h10   (FM)
 
 
        ¤¤  Elias de Mendelssohn (TCE, janv. 09) : lundi 26 à 20h  (FM)
                        K. Masur -
 
 
        ¤¤  Le magazine: Autour d' Yvonne, princesse de Bourgogne de Boesmans : mardi 27 à 18h10   (FM)
 
 
        ¤¤  Le bel aujourd'hui: avec notamment Ph. Boesmans : mardi 27 à 22h  (FM)
 
 
        ¤¤  L'invité classique : Malika Bellaribi-Le Moal : mercredi 28 à 18h30  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  Le goût des autres : Messe en si m de Bach : mercredi 28 à 21h  (Radio Classique)
                        Puis diffusion de l'oeuvre dans "Patrimoine classique" à partir de 23h.
 
 
        ¤¤  La vie baroque: Christina Pluhar : jeudi 29 à 21h  (Radio Classique)
 
 
        ¤¤  La folle journée de Nantes : vendredi 30 de 9h07 à minuit  (FM)
                        Particulièrement Bach et Buxtehude
 
 
        ¤¤  Les nouveautés du disque: Dietrich Henschel : vendredi 30 à 21h  (Radio Classique)
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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 20:41

Fidelio
 de Beethoven

Opéra Garnier
11 décembre 2008

Mise en scène Johan Simons
Décors et lumières Jan Versweyveld
Costumes Greta Goiris
Dramaturgie Koen Tachelet
Dialogues Martin Mosebach


Don Fernando Paul Gay
Don Pizarro Alan Held
Florestan Jonas Kaufmann
Leonore Angela Denoke
Rocco Franz-Josef Selig
Marzelline Julia Kleiter
Jaquino Ales Briscein
Erster Gefangener Jason Bridges
Zweiter Gefangener Ugo Rabec

Orchestre et Choeurs de l’Opéra national de Paris
Chef des Choeurs Winfried Maczewski
Direction musicale Sylvain Cambreling


Photo: Bernd Uhlig


Plus d'un mois après ce spectacle, je n'ai finalement pas grand chose à en dire... c'était donc bien la peine d'attendre autant pour en faire un compte rendu! :o) Peu de choses à en dire car c'est finalement un pétard mouillé de plus, fruit de la politique artistique risquée de Gérard Mortier qui peut être à l'origine de spectacles éblouissants, mais qui aboutit le plus souvent à du raté. Et ici tout semble avoir été fait pour irriter aussi bien les connaisseurs, que les conservateurs ou les défenseurs de mise-en-scènes iconoclastes.
Je reste dubitatif sur les changements musicaux voulus par Sylvain Cambreling: sous prétexte de tonalité (je n'y connais rien!), nous reservir Leonore I qui est la moins réussie des 4 ouvertures, cela relève assez du pédantisme ("ah Leonore I la mal aimée et pourtant la plus adéquate!"); pour ce qui est des changements dramaturgiques, j'avoue ne pas assez bien connaître l'oeuvre pour me risquer à les juger, mais cette logique selon laquelle un compositeur n'a pas été jusqu'au bout de son génie à cause de contraintes contextuelles extérieures m'exaspère: le génie c'est aussi savoir jouer avec les contraintes! Et ce n'est pas parce que l'opéra de Paris imposait un ballet dans tous les opéras qu'il commandait à une époque, que ceux-ci sont sans intérêt car non initiés directement par l'esprit du compositeur. A quand une exposition "Si Rembrandt avait connu la gouache il aurait mieux peint?" Le livret de Fidelio a beau être critiquable, cela n'a pas empêché l'oeuvre de connaitre le succès depuis longtemps, et que les livrets d'opéra ne soient pas toujours de la meilleure eau, tu parles d'un scoop! Plus que des rédécouvertes musicologiques, tous ces remaniements sont plus souvent des pis-aller pour des interprêtes qui, ne pouvant interprêter avec génie, ont décidé de recréer. Le génie de l'interprête est celui de l'interstice, réussir à rendre présent et personnel une partition qui ne l'est a priori pas. Tout cela me rappelle le proverbe anglais "Don't blame the tools!": quand on sait que l'on a rien d'intéressant à exprimer, on s'attaque à l'outil dont on ne sait pas se servir correctement.
J'en finis avec mon coup de gueule par les dialogues de Martin Mosebach: ils ne sont pas si mal écrits que ça. Certes par rapport au livret original, on est un cran au dessus (pas difficile!) mais ce n'est pas pour autant que l'on atteint la grande littérature. C'est souvent pédant, parfois contre-productif ( le texte où Florestan détruit l'héroïsme de Léonore en lui faisant remarquer que sans l'arrivée du ministre, son plan aurait totalement foiré!), le plus souvent oubliable. Le plus gênant, c'est le rythme, totalement cassé par ces dialogues: on prétendait nous faire comprendre le glissement du léger au sérieux dans l'acte I, non seulement cela n'y a rien fait, mais en plus on s'est fait copieusement chier! Dramaturgiquement le I est déjà difficile, mais si en plus on nous l'entrecoupe de dialogues récités lourdement, lentement et sonorisés au micro! La même technique était déjà préjudiciable à la très belle Flute enchantée de La Fura dels Baus, mais dans l'onirisme visuel de la mise-en-scène ça passait (malgrè la stupidité des textes), ici pas d'onirisme, juste de la prise-de-tête stérile et plombante.


En parlant de plomb, la direction de Sylvain Cambreling. Une chose est sure, cela a de la personnalité et l'on est déjà au dessus de certains chefs à encéphalogrammes plats qui dirigent parfois dans cette fosse. Mais non contents d'arriver avec des gros sabots sur le livret, il chausse les talons compensés pour la partition: tous les archets se transforment en rouleau à patisserie et les vents semblent actionnés par des gonfleurs à matelas! "Ca crache!" comme disent les fan de tunning, sauf que l'on est pas dans une voiture et que l'acoustique d'un opéra fait que l'on y préfère le "fine tunning". Mais bon la finesse semble avoir été distribuée avec beaucoup de parcimonie ce soir là.


En parlant de finesse, la mise-en-scène de Johan Simons. Une chose est sure, ce n'est pas aussi mauvais que l'on aurait pu le craindre. Cela dit cette crainte était plus idéologique que fondée, à Paris on a guère vu qu'un Simon Boccanegra, un peu léger pour douter en bloc du reste de ses productions. Pour autant, je trouve que cela fourmille assez peu d'idées pour un "homme de théâtre" comme on aime à appeler les metteurs en scène du "Regitheater", là encore on s'est défoulé sur le livret pour mieux cacher le manque d'inspiration scénique. Le décor est froid mais intelligent: à l'acte I on est dans le hall d'une prison, cabine de surveillant à jardin, cellule commune derrière le mur du fond amovible et escalier descendant en milieu de scène. Au II le plancher est remonté et l'on se retrouve dans la geôle à laquelle menait cet escalier que l'on découvre entièrement grillagé. Plateau à profondeur triangulaire pour signifier l'absence d'espoir, jusqu'au final où les pans du mur s'ouvrent latéralement. Là dedans s'articule une direction d'acteurs intermittente mais signifiante, surtout au II où l'on inverse les espaces: à l'arrivée de Fernando, c'est l'escalier qui devient la prison de Pizarro. Plusieurs autres bonnes idées: l'air de Florestan chanté allongé sous une énorme lampe, façon garde-à-vue musclée, le paradoxe de l'aveuglement ("Welch Dunkel hier" dit Florestan) pourquoi pas; ou encore le choristes du final qui retirent leurs costumes tristounets pour faire montre de robes et chemises à fleurs dans le plus pur style grand-mère, ça marche. Bref ça essaye, mais ça ne va pas bien loin, et l'acte I est un naufrage, la transposition contemporaine n'apporte rien: Marzelline qui trie le linge propre et Leonore fascinée par son flingue... de pures recettes toutes faites pour metteur en scène en mal d'inspiration. On ne dira rien du creusement de la tombe qui a des allures de concours de chateau de sable.


Passés ces trois echecs là (réécriture, direction d'orchestre et mise-en-scène), c'est plutôt très bon. Passons sur les choeurs qui ont déjà une forte propension à tonitruance, alors avec Maestro Cambreling qui fait tout pour qu'ils se perdent en chemin et les concurrence sur le volume de décibels, c'est la cacophonie. La Marzelline de Julia Kleiter est très fraiche et enjouée malgrè le décor sinistre, un vrai plaisir comme souvent avec cette chanteuse; en Rocco Franz-Josef Selig n'est pas aussi marquant qu'en roi Marke, question de qualité du rôle il faut bien le dire, mais s'en sort bien; le Pizarro d'Alan Held est dans la tradition des vilains-méchants aussi impressionants que débraillés, mais la mise-en-scène l'y incite fortement, donc ça passe.
La Leonore d'Angela Denoke est plus problématique: on la sent en lutte avec la tessiture, les aigus sont là mais souvent blancs, elle voudrait faire passer beaucoup d'intentions mais son manque d'adéquation vocale vient sans cesse occuper ses efforts, si bien que le tout manque de liquidité et d'aisance, le rôle y gagne en aspect torturé mais y perd en héroïsme triomphant. C'est un peu la folle qui décide d'aller sauver son mari en s'y prenant n'importe comment.
Evidemment le Florestan de Jonas Kaufman fut resplendissant: débarassé d'une certaine mollesse de la prononciation qu'il peut avoir dans d'autres langues, mollesse qui va de paire avec une certaine application, il est ici dans son élement et se consacre tout entier à la couleur, le dessin venant presque naturellement. Ah ce premier "Gott!" longuement tenu puis diminué, dans lequel résonne l'espérance mourrante en une libération, aussi bien qu'en Dieu. On s'étonne que le metteur-en-scène ait souhaité immobilisé une telle bête de scène: l'image est forte et la puissance se montre aussi sous les chaînes, mais il aurait pu faire tellement plus d'un tel acteur.


Bref (oui dire cela après tout ce que j'ai écrit, c'est cocasse), une soirée devant laquelle on reprime un haussement d'épaule: l'objectif annoncé de nous faire entendre le vrai génie de Fidelio n'a pas été atteint, ou, s'il l'a été, je préfèrais de loin le faux!
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18 janvier 2009 7 18 /01 /janvier /2009 20:39
Semaine du 17 au 23 janvier :
 
 
 
TELEVISION:
                       
 
        ¤¤  Paris, Vienne, Berlin: une histoire de l'opérette (1/2) : lundi 19 à 23h  (ARTE)
 
 
         ¤¤  Villazon, Monteverdi (St-Denis, juin 2008) : lundi 19 à minuit 55  (France2)
 
 
        ¤¤  Toute la musique qu'ils aiment: Une journée avec Béatrice Uria-Monzon : vendredi 23 à minuit 10  (France3)
 
 
 
RADIO:
        
 
        ¤¤  Doctor Atomic de J. Adams (MET, en direct) : samedi 17 à 19h  (FM)
                        A. Gilbert - S. Cooke; M. Arwady; G. Finley; R.P. Fink; E. Orwens
 
 
        ¤¤  Récital d'Ian Bostridge (Châtelet, janv. 07) : dimanche 18 à 13h05  (FM)
                        Piano: J. Drake - Programme Schubert.
 
 
        ¤¤  D'autres flûtes enchantées (2) : dimanche 18 à 14h30  (FM)
                        Adams : A flowering tree
 
 
        ¤¤  Grands compositeurs: Monteverdi à Venise : de lundi à vendredi à 13h02  (FM)
 
 
        ¤¤  Concert: ce devait être le concert de M. Mijanovic au TCE : lundi 19 à 14h30   (FM)
 
 
        ¤¤  Concert Rihm / Srnka / Berio (Cité de la musique, nov. 08) : lundi 19 à 20h  (FM)
                        D. Robertson - C. McFadden; M. Brueggergosman
 
 
        ¤¤  Décibels: Quand les marionnettes aiment la cantate! : mardi 20 à 21h  (France Culteure)
                        Avec I. Poulenard et G. Laurens, pour le spectacle "Je suis ton labyrinthe" qui associe cantates italiennes et marionnettes contemporaines.
 
 
        ¤¤  Le bel aujourd'hui: avec notamment Ph. Boesmans : mardi 20 à 22h  (FM)
 
 
        ¤¤  Nonobstant: Mireille Delunsch : mercredi 21 à 17h05  (France Inter)
 
 
        ¤¤  Le magazine: en direct de l'Opéra national du Rhin : mercredi 21 à 18h10  (FM)
                        Pour le nouvelle production de Siegfried de Wagner.
 
 
        ¤¤  Les nouveautés du disque: avec C. Pluhar : vendredi 23 à 21h  (Radio Classique)
                        Pour Monteverdi: teatro d'amore (N. Rial, P. Jaroussky, C. Auvity)
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